L'art martial : un support millénaire de développement personnel...
- 12 août 2021
L’Art martial, depuis des millénaires, accompagne l’humanité. Le combat est une des activités les plus vieilles du monde. L’affrontement entre deux énergies est l’histoire même du monde et de la matière qui nous entoure. Le combat, c’est “l’autre” plus vieux métier du monde.
Nous pouvons trouver certaines parties du monde dans lesquelles les souffrances du combat et ses atrocités, le face à face avec la mort, ont été sublimées. C’est à dire transformées, afin d’atteindre un niveau de conscience élargi. Je choisis ce mot expressément pour ne pas dire « supérieur », car,« L’homme ne progresse pas de l’erreur vers la vérité, mais de vérités en vérités, d’une vérité moindre à une vérité plus grande. » (Swami Vivekananda)
Les anciens avaient rapidement pris conscience que la confrontation permanente à la mort, au danger, nous ramène à l’éternelle impermanence des choses. Rien n’est immuable. L’Art Martial Japonais, diffusé plus tard, après plusieurs siècles en occident sous forme de « VOIE » martiale (« DO »-juDO-karateDO-aikiDO…) est donc devenu un support formidable de travail sur soi, ou, autrement dit, avec un mot malheureusement un peu réducteur aujourd’hui: de DÉVELOPPEMENT PERSONNEL.
Nous pouvons trouver dans quelques écoles traditionnelles le symbole de la fleur de lotus, qui dans sa symbolique résume fidèlement le processus martial. Cette fleur pousse dans la boue. Son message est essentiel: « De la boue peut émerger la beauté ». La fleur ne se laisse pas souiller une seule seconde par la « boue », et si celle-ci l’entoure et la recouvre, rien n’empêche le processus d’éclosion: LE LOTUS FLEURIRA, DANS TOUTE SA SPLENDEUR, ENVERS ET CONTRE TOUT.
Evidemment, cette symbolique parle de nous, être humains, qui que nous soyons. Chaque être renferme sa propre « boue », ses propres marécages. Pas une seule seconde la fleur de lotus n’entame un processus de combat « contre » la boue. Elle s’y adapte et atteint sa mission d’être: devenir un magnifique lotus. Plus tard, symboliquement, peut être que la fleur de lotus réalise que la fameuse boue fut une opportunité magnifique pour elle afin de croître et se réaliser.
Ce qui signifie donc que nous ne pouvons nous battre contre nos « marécages » intérieurs (colères, peurs, blessures, démons du passé, etc…), c’est en les sublimant, c’est à dire en les CONNAISSANT et en les UTILISANT pour atteindre notre quête qu’ils sont transformés. C’est peut-être là l’antique voie occidentale des Alchimistes dont le travail consistait à transmuter le plomb en or. À travers ces symboles matériels, nous parlons encore et toujours de changer notre « plomb » intérieur en « or »…C’est à dire en quelque chose d’hautement lumineux.
L’art martial fait donc parti d’une de ces voies de transformation profonde. A cela prêt que ce processus est ORGANIQUE. Non pas théorique. Ce n’est pas une voie dite “spirituelle” au niveau mystique et désincarné. C’est une voie empirique. A titre d’exemple, au Dojo, on n’apprend pas le respect parce que le code moral doit être respecté. On apprend le respect parce qu’inévitablement, par la pratique du dépassement de soi, on réalise que l’autre est indispensable sur le chemin.Ce dernier implique d’aller soi-même, à travers l’effort intense physique, à sa propre rencontre. De cheminer vers la plus grande aventure qui soit: SOI A TRAVERS LES AUTRES.
Souvent, l’adversaire éveil en nous de la peur, de l’angoisse, de l’envie, de la jalousie, de la colère, de l’amour, de l’admiration, du rejet…Toutes ces émotions que nous rencontrons sur la scène humaine. Le DOJO (« Lieu où l’on pratique la Voie ») n’est que la métaphore microcosmique du véritable Dojo macrocosmique sur lequel nous vivons tous: le monde extérieur. C’est donc en fait un effet de projections, un effet miroir, qui a lieu partout dans ce lieu quasi « sacré » qu’est le Dojo.
« L’ennemi » est donc en fait un support précieux. Il est le révélateur de mon monde intérieur. Ce n’est pas lui qui me met en colère, ce n’est pas que je le méprise, ou que je l’admire. C’est surtout qu’à travers lui je vais contacter ma propre colère, j’éprouve de l’admiration A TRAVERS lui. Cet ennemi est un cadeau que la vie m’offre pour que je puisse aller guérir ma blessure réveillée par cette “rencontre” martiale avec l’autre. Mes manques de confiance en moi-même tout comme mes peurs d’échouer et tant d’autres. Il me montre mes propres marécages composés aussi bien de plombs que de pépites d’or. Lorsque j’affronte l’autre, c’est en fait moi-même que j’affronte. C’est GRACE à lui que je peux entamer le processus de guérison en moi. Un processus physique, psychique, émotionnel, profond, et donc, HOLISTIQUE.
C’est pour cela, que dans ces temps anciens, l’ennemi était respecté et honoré. Respecter n’est pas s’accorder. C’est un honneur que l’on fait à l’autre, quel qu’il soit. Un honneur pour la révélation qu’il nous offre. Et le chemin continu…
Dans ces temps de troubles, dans lesquels les marécages sociaux peuvent déposer des dépôts de plomb en nous (colères, haines, peurs…), n’oublions pas la métaphore martiale du lotus: Envers et contre tout, le Lotus cherche la lumière, et c’est dans sa quête de lumière qu’il réalise sa destinée: OFFRIR SA BEAUTÉ AU MONDE.
Et lorsque le voyageur passe, il ne voit pas le marécage répandu sur des hectares. Il reste contemplatif, émerveillé par cette seule petite fleur, grain de sable dans la forêt immense, qui a su concentrer son potentiel pour être ce qu’elle est.
Et le développement personnel achevé, une nouvelle marche se révèle au pratiquant…Ce n’est que le début d’un long, chemin, qui en vérité, ne sera jamais achevé…
Lumière à tous